lundi 26 septembre 2011

Trieste da sola

Il y a quelque chose de très précieux au collège, qui manque cruellement à plus ou moins tout le monde ; c'est l'intimité et la solitude. Parfois c'est très bien d'avoir toujours du monde auprès de soi, ça empêche de penser à des choses tristes et on rit toujours beaucoup ; mais parfois, on est juste dépassés. Et on en a assez de parler, d'entendre du bruit, bref, comme chacun l'a toujours au moins une fois ressenti dans sa vie. Si vous arrivez à vous en accomoder, c'est très bien ; sinon, vous avez différentes solutions :
  • Vous jeter par la fenêtre
  • Egorger tout le monde
  • Hurler dans la salle commune en massacrant ce type qui parle espagnol et qui est persuadé que tout le monde veut l'écouter chanter son Jason Mraz (bien que j'adore Jason Mraz, mais franchement, à onze heures du soir quand on essaie de "skyper" avec nos familles, c'est assez lourd.)
  • Ou, éventuellement, aller seul(e) dans une ville différente.
J'insiste sur le ''ville différente'' parce que Duino est assez petit et peu fréquenté par des jeunes à part ceux du collège et on rencontre toujours des gens qu'on connaît un peu partout.
Beaucoup font ça, comme Anna du Canada, alors j'ai décidé d'essayer.
Alors encore une fois...
Me voilà seule à Trieste ! (et la dernière fois, c'était seulement une heure...là, une après-midi entière...)
J'adore cette ville. Elle est vraiment belle, remplie de gens qui parlent une belle langue ; et chaque rue, chaque tournant recèle de surprises, de bâtiments anciens et historiques, des maisons colorées, des boutiques, pâtisseries, et ces sortes de petites épiceries typiquement italiennes avec des produits typiquement italiens.
Persuadée que seule, chaussée de mes lunettes de soleil et marchant d'un pas décidé, j'allais passer pour une vraie italienne (ERREUR grossière erreur), je me suis lancée vers une des principales ''piazza'' de la ville. ; là où on peut longer le Canal et contempler une église géante et absolument magnifique.
Je ne sais pas comment j'ai eu cette chance mais je suis tombée sur un marché gigantesque, que j'ai supposé être – déduction d'une intelligence inéluctable- LE MARCHE DE TRIESTE.
Tout de suite toutes sortes d'odeurs sont venues à moi : le prosciutto, le fromage, la barbe à papa, les marrons chaud, la transpiration du monsieur qui marche devant (bon, là, c'était dégoûtant, désolée pour cette affreuse image), les bonbons, les crèpes, les glaces, les fleurs...
Et comme il faut toujours chercher le compliqué...j'ai encore pratiqué ce que j'ai désormais appelé LA RENGAINE DES DOV'E.


MARIE PAUMEE, qui a tout de même pris la précaution de regarder sur son petit guide de conversation italien avant toute possible discussion : Scusate...euh...scusi...ou scusa, signora...dov'é...la panetteria ? You know...panetteria. Paaaa. Neeeet. Teeee. Riiiiaaaaa.

Question de méthode : toujours demander aux vieilles dames. Et aux vieux monsieurs seulement s'ils ont une tête souriante (avez-vous remarqué que les personnes âgées gardent l'expression qu'elles ont eu pendant toute leur vie ?). Les autres sont trop pressés, marchent trop vite, et répondent trop vite. Ou ne répondent pas.

La première fois que j'ai posé la question, je suis très bien tombée. Une vieille dame, perdue dans ses pensées et dans son cardigan bleu, souriante et avenante dès que je lui ai adressé la parole.
(Euh, juste une chose. Je devrais comprendre parfaitement l'italien. Ce n'est pas le cas.)
Elle m'a donc expliqué, j'ai hoché bravement la tête, genre ''oh oui bien sûr suis-je bête c'était donc çaaaa''.

GENTILLE VIEILLE DAME : Siiii siii vai a la destra poi a la sinistra, subito subito...

Jusque là, je comprends à peu près. Mais elle s'est mise à me parler et parler, et a décidé de m'accompagner jusqu'au coin de la rue. J'ai fini par reconnaître une question déjà vue et revue dans son flot de paroles. J'y ai donc répondu avec gloire et fierté.

MARIE toujours aussi PAUMEE : No, non sono italiana. Sono francese. (cf p. 2 manuel italien)

GENTILLE VIEILLE DAME, trop gentille peut-être : Ooooh (bon, j'écris en français mais elle parlait italien), bon alors, il faut aller à la boulangerie Giiiorgi...oui, Giiiooorgi, ici c'est pas comme le pain à Paris, mais celle là, c'est mieux, oui, oui, c'est mieux, viens, viens...

En plus les italiens ne m'aident pas beaucoup à pratiquer leur langue, les ingrats. J'essaie toujours de communiquer dans cette langue que, c'est vrai, je massacre, mais ils me répondent toujours en ANGLAIS.
Quand j'ai acheté ma glace (une des phrases que je répète le plus souvent à ce collège, mis à part grazie et scusi, toujours en mangeant quelque chose, doit certainement être : ''oooh I'm getting faaat'' (ce que l'on pourrait traduire par : ''Oh, par la grâce du seigneur, je sens que cette glace triple chocolats se dirigera promptement vers mes hanches'')), au tiramisu, d'ailleurs, dans une vraie boutique italienne perdue où seuls les vrais italiens font la queue le vendeur m'a parlé anglais me voyant me débattre avec les parfums ; quand j'ai acheté une tranche de jambon cru, le fameux prosciutto pour manger le soir (au lieu de manger cette pseudo nourriture italinne de mensa...non que ce soit vraiment horrible, en fait, c'est juste que ce n'est pas vraiment italien) m'a également répondu en pseudo anglais....


Remarque, une fois, quand je suis arrivée après avoir demandé cinq fois (cinq fois. Et finalement, je n'ai pas trouvé la boulangerie, je suis allée dans une épicerie.), pour acheter du pain, que j'ai dit ma première vraie phrase italienne....roulement de tambour....
AVVETE PANE PER FAVORE ?
(traduisons approximativement : Avez vous pain s'il vous plait ?)
Non, pas de faute de frappe. Je crois qu'en italien, il y aussi quelque chose entre « avvete » et « pane », mais peut-être la vendeuse a t-elle pensé que j'étais tellement italienne que je mangeais les mots, parce qu'elle m'a répondu en italien. La classe.

Mais heureusement ensuite je suis passé devant un étal où tout était écrit en français et anglais, et j'ai reconnu l'accent des hommes qui le tenaient.

  • Oune smile, mademoiselle ! Oooh thank you !
  • Vous pouvez me parler français aussi hein, si jamais ça vous arrange...

On se sent tout de suite solidaires dans ces moments là. On vient du même pays, on parle la même langue et on est perdus dans une contrée italienne.
On a parlé un peu, je me suis dit que quand même, ils auraient pu m'offrir un morceau de nougat ou un truc, en guise de solidarité, mais enfin.


Et j'ai failli fondre de plaisir quand un monsieur, dans un magasin (dans lequel, en entrant, je me suis prise la porte sur le nez ; vous savez ces portes automatiques qui je ne sais pas pourquoi n'ont pas voulu rester ouvertes pour mon humble personne.....) a dit à sa femme un truc genre :
'' Pousse-toi, laisse passer la fanciulla" (j'avoue que la phrase n'était pas très agréable pour la femme cela dit...) Je crois que ça veut dire jeune fille, ou un truc comme ça, mais on dirait un titre suprême, quelque chose de spécial. Comme s'il m'avait fait une faveur en m'appelant ainsi.
Eh, les gars, je suis une fanciulla. Eh oui. Ca vous en bouche un coin, hein ?




Mon agenda.
             Il y a des profs qui s'amusent....                                              ...et il y en a d'autres qui s'amusent   aussi, mais pas vraiment de la même manière (ps : c'est vraiment un devoir.)

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