Je sais que cela fait très longtemps que je n'ai pas écrit, j'ai eu d'autres priorités ; toutefois maintenant je peux me consacrer à ce blog de nouveau.
Dimanche dernier je suis allée à Venise, pour le carnaval !
Il y a au moment du carnaval à Venise
un étrange mélange de poésie et d'horreur, de beauté et de
laideur, de rêveuse fantaisie et de réalité terrible.
Venise n'a pas besoin du Carnaval pour
être magique : une ville flottante, au goût salé, presque totale
absence visible de traces du XXIeme siècle, l'abondance de bâtiments
anciens colorés. Dès que l'on sort de la gare, tous ces éléments
nous aspirent pour nous convaincre que l'on est hors du temps, loin
du monde. On ne pense pas au fait que cette ville chimérique
n'existera certainement plus dans quelques années, on ne pense pas
aux vénitiens qui se font de plus en plus rares, on ne voit pas les
bâtiments qui s'effondrent au fur et à mesure.
La foule à Saint Marc (en lien le blog sur lequel j'ai pris cette photo) |
Toutefois, lors du Carnaval, tous ces
composants sont mis en valeur par d'autres faits encore plus
frappante, créant ainsi dans mon esprit une persistante sensation
de chaos – bordel joyeux et terrifiant quelque part.
D'abord, la foule : on ne marche pas,
on est marché – les gens sont tellement nombreux que l'on bouge
sans même y penser, sans même le vouloir, on est porté, dans les
rues qui mènent à la Piazza San Marco puis sur la place elle-même.
« Noir de monde » n'a jamais eu autant de sens.
Cependant, cette foule a quelque chose de magique. Tout le monde, ou
presque, est déguisé ou au moins porte un masque. Notre petit
groupe n'a éviemment pas fait exception à la règle, se faisant
comme de coutume arnaquer par les commerçants vénitiens qui après
tout, ont bien raison de profiter du Carnaval pour augmenter leurs
chiffres d'affaires. Je crois cela dit qu'il s'agit d'un passage
obligé à Venise ; et puis, avoir un masque change pour ainsi dire
notre vue des choses.
Non pas que notre vision soit plus
étroite (bien que ce soit vrai), je voulais plutôt dire que le
masque nous « inclut » dedans. Nous faisons partie de
quelque chose de grand, de gigantesque même. Et autant dire que
personne ne s'étonne de vous voir entrer dans un magasin chic avec
un masque ; même, c'est enlever son masque pour entrer qui paraît
étrange – ce que j'ai trouvé pour ainsi dire relativement
surprenant.
Quelle est cette chose,
en fait ? A vrai dire, je ne sais pas. Le « Carnaval »
bien sûr serait la réponse la plus évidente, bien qu'il y ait
aussi cette liesse et cette excitation générales.
Car les gens sourient, ils sont heureux
d'être là où ils sont – pas étonnant vu le prix qu'ils ont
payé, ils ont plutôt intérêt ! De plus il faut admettre que l'on
croise à tous les coins de rue des gens et des processions aux
costumes de beauté exceptionnelles, soit très abstraits (donc en
fait, vous êtes déguisé...en tasse de thé. D'accord.), soit très
originaux (euh...Monsieur ? Vous êtes quoi ? Un...dalmatien ?
D'accord, génial...), soit très XVIIIeme siècle, avec de longues
capes noires ou robes de marquises pour les dames, des chapeaux et
des masques qui couvrent tout le visage. C'est cela aussi qui
contribue au sentiment de se sentir hors du temps. Comment
pourrait-on s'imaginer au XXIeme siècle ?
Ah oui... Le type/la madame qui se
jette du haut de la tour et qui glisse le long d'un fil, accompagné
par la musique émouvante à fond sur la place Saint Marc. Sans
compter les commentaires des commentateurs dans les micros eux aussi
à fond sur la place Saint Marc.
Et ce magnifique écran, preuve qu'en effet nous étions bien au XXIeme siècle. C'est tout ce que l'on pouvait voir du concours de masques, de là où on était. |
D'accord, donc, les gens sont joyeux et
enthousiastes. Les gens sentent aussi leurs instincts primaires et
bestiaux les regagner. Être poussé, être volé – c'est pourquoi
j'ai gardé la main sur mon sac du début à la fin de la journée et
je n'ai heureusement eu aucun problème. Une fille du groupe n'a pas
eu ma chance : son porte-monnaie s'est volatilisé.
Je dis les gens. C'est
vrai. J'en fais partie. J'étais là aussi.
Avec mon groupe, nous avons adopté la
tactique du faufilage : on se faufilait un peu partout, entre les
processions de gens costumés (notamment cette procession bleue à
côté de laquelle j'ai progressé pendant cinq bonnes minutes. Vous
pouvez me croire, c'est long, quand on marche à côté d'un type
gigantesque anonyme dont on ne peut voir les yeux et qui éblouit de
son costume turquoise. La femme à côté de laquelle il était censé
marcher était juste devant, en fait, en d'autres termes plus clairs,
j'avais pris la place de cette femme. Très, très, embarassant.).
Hugo, mon cher première année, avait eu la bonne idée de
s'habiller d'un vert pétant et presque fluorescent.
Ce n'était pas fait exprès, quoique
cela nous ait plus ou moins sauvés à plusieurs reprises. Au milieu
de la foule, son bonnet vert nous guidait à la façon d'un phare
dans une nuit noire. (et c'est donc ainsi que nous l'avons surnommé
the Leprechaun).
Oh et bien sûr, en mathématiques, rien n'a changé. Sauf ma classe. Je suis passée d'une classe de mathématiciens belliqueux de connaître la réponse exacte le plus rapidement possible à une classe normale, et tout en travaillant, on rit beaucoup.
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Alors, en fait, le nombre de points par question est proportionnel au temps qu'il faut pour la résoudre.
ELEVE AGACANT : Oui, oui.
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Par exemple, la première question vaut 2 points.
ELEVE AGACANT : Mmh, oui, oui.
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Donc vous devriez mettre à peu près 2 minutes pour la résoudre.
ELEVE AGACANT : Oui, mmh.
MARIE PAUMEE : Mais il arrête d'acquiescer celui-là à la fin ?
VOISINE DU PEROU calcule quelque chose frénétiquement sur sa calculette.
MARIE PAUMEE et VOISINE DE CUBA : Euh, qu'est-ce que tu fais ?
VOISINE DU PEROU : Eh bien, je viens de calculer que nous quatre avons passé 38 minutes de trop sur la première question, soit 19 fois trop de temps.
ITALIEN BLASE : Et dire qu'on a un examen dans quatre mois...
(rire jaune général du petit groupe du coin gauche de la classe, sous les regards agacés de l'élève agacant.)
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Alors, je vous donne les deux formules. Period = 360/B.
MARIE PAUMEE note consciencieusement.
ELEVE AGACANT : Oui, ah, oui.
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Et l'autre formule, c'est B = 360/Period.
ELEVE AGANCANT : Mmmh. Oui.
MARIE PAUMEE est paumée : Euh...et moi je fais ça comment ? C'est moi ou ça n'a pas de sens ?
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : C'est bon, vous avez trouvé ?
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Alors, je vous donne les deux formules. Period = 360/B.
MARIE PAUMEE note consciencieusement.
ELEVE AGACANT : Oui, ah, oui.
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : Et l'autre formule, c'est B = 360/Period.
ELEVE AGANCANT : Mmmh. Oui.
MARIE PAUMEE est paumée : Euh...et moi je fais ça comment ? C'est moi ou ça n'a pas de sens ?
PROF RIGOLO QUI SOURIT PAS : C'est bon, vous avez trouvé ?
ELEVE AGACANT : Oui, mmh, oui.
MARIE PAUMEE : MAIS IL VA ARRÊTER CELUI-LA OUI ?!
C'est sur ces jolis termes que je retourne travailler pour mes examens blancs la semaine prochaine.
Oups ! Je n'ai rien compris. |