vendredi 27 janvier 2012

M. Maths et mes secondes jambes

Comme certains d'entre vous auront deviné en lisant "secondes jambes", il se trouve que, comme chaque année, depuis maintenant cinq ans, j'ai eu mon "entorse-annuelle". Et donc, les habituelles béquilles que maintenant je connais bien. 
J'ai un peu honte parce que, c'est vrai que depuis le temps, maintenant je cavale avec des béquilles. Certes, ça tue les mains, mais comment dire ? j'ai pris le coup de main et je vais relativement vite, surtout quand on voit ceux à côté dont c'est la première fois et qu'il faut attendre trois heures derrière. Malheureusement, je suis plutôt devant. Du coup, ça en fait rire certains, tandis que d'autres sont convaincus que soit je m'éclate avec, soit que c'est un jeu et que je n'ai rien en fait. 
De ce fait, j'ai décidé de m'amuser avec les béquilles. On fait des courses notamment - les résultats n'ont pas été encore prononcés. 
Alors, question que l'on me pose souvent : Comment ?! J'aimerais pouvoir raconter une histoire glorieuse de ski, de course, de compétition, mais non non non. Rien de tout cela.
 Je marchais, et je suis tombée. A environ 7 minutes de ma résidence. Ne pouvant plus me déplacer, Lenny et Raymond m'ont portée jusqu'à ma résidence - c'était tellement ridicule qu'on en était morts de rire. M'enfin, c'était absolument adorable de leur part et du coup, aujourd'hui, malgré mes déboires culinaires, je leur ai fait des cookies. (enfin, j'ai essayé, grâce à l'aide de quelques personnes dans la cuisine qui savaient manier du fouet et de la farine.)







Ensuite, pourquoi M. Maths ? Je ne parle pas ici de mon prof de Maths, ni du Dieu des Maths qui sont des entités bien différentes. Enfin, bref, M. Maths est tout à fait une autre personne.
Dans le collège, je croise toujours un monsieur, je dirais même très vieux monsieur, toujours avec un bonnet rouge un peu trop grand, et je savais jusque là qu'il enseignait ce que l'on appelle "Further Maths" aux élèves fous qui aiment ça - c'est une matière non obligatoire, c'est juste pour aller plus loin dans les maths. Comme des cours du soirs pour les surdoués (vous vous doutez bien que je n'y ai jamais mis les pieds.)
Et donc ce monsieur a voulu rencontrer la communauté française du collège, pour....eh bien, je suppose, pratiquer son français. J'ai donc béquillé jusqu'au café où ils nous avaient invités, Emma et moi (finalement Sébastien est venu aussi, Raza travaillait je crois.). 
"Bonjour, bonjour, asseyez-vous là".
Il nous a montré des chaises à Sébastien et moi, Emma était déjà assise.
"Bon alors, je vais vous prouver aujourd'hui, que les maths, ça peut être divertissant."
....? Marie surprise, Marie crie à l'oxymore, Marie se penche et écoute attentivement. Il s'est tourné vers moi.
"Emma m'a dit que tu étais en standard, c'est ça ?"
"Eh bien...oui."
"Et que tu pensais à passer en studies." (studies = le niveau le plus bas. Il y a studies, standard, et haut.)
"....oui, je suppose. Je ne sais pas encore. ...."
"Allons. Je vous ai apporté quelques amusements et curiosités en maths, vous allez voir."

Il s'est mis à nous parler des maths avec une telle passion qu'il a fini par m'intéresser, et pourtant, comme lui a dit Sébastien, "c'était pas quelque chose de facile" (lui aussi a vécu mon incompréhension totale de ce sujet là.). Il s'est mis à deviner quel jour on était né, à déduire à quel nombre on pensait,  et à s'étonner que certains ne savaient même plus combien faisaient 8x7. (Et là, Marie commence à paniquer en réfléchissant à toutes ses tables de peur qu'il ne l'interroge. Heureusement qu'il ne l'a pas fait. Cela dit, c'est vrai que pendant que je récitais toutes mes tables dans ma tête, j'ai loupé une partie de ce qu'il racontait et ça m'a encore plus paniquée après. Bref...)
Il nous a parlé de grammaire française, arabe, italienne et anglaise (puisqu'il parle toutes ces langues parfaitement), leurs différences et similarités, leur logique ; nous a parlé de son enfance, et autres histoires. 
Je ne m'attendais pas du tout à cette rencontre et pourtant, il a vraiment réussi à me fasciner pour les chiffres. C'est vrai, ça n'a duré qu'une demi-heure. Cela dit, il nous a proposé de tous se revoir, et bien évidemment, on a accepté en choeur.

mercredi 18 janvier 2012

Les Italiens et leur aimé Opéra

Hier et soir, avec une vingtaine d'autres, nous sommes allés à l'opéra Verdi à Trieste, pour voir Anna Bolena. C'était une chance pour nous, vu que le collège a des prix excessivement bas pour ce genre d'événements et que même les deux euros que coûtait chaque place, c'est le collège qui les a payés. 

Enfin, je me rendais tout à fait compte, avant d'y aller, d'avoir de la chance. Ce n'est pas tous les jours qu'on va à l'opéra, surtout que dans mon cas, j'en parle des jours à l'avance tant je suis excitée d'y aller.
Ce qu'on a omis de nous préciser, ou plutôt ce qu'on n'a feint de ne pas savoir, ou enfin ce dont nous avons eu la flemme de nous renseigner, c'est qu'Anna Bolena cette année a ouvert la saison d'opéra 2012 à Trieste. Autant dire que c'est événement important, surtout en Italie. Bien sûr, on nous avait dit de nous habiller, mais quand même...

Tout d'abord, c'est vrai, on a fait cette folie d'aller se chercher un chocolat chaud (on a une excuse : les chocolats chauds en Italie, ils sont vraiment BONS.) juste avant l'heure, je crois qu'il était 20:20 alors que nous devions rentrer à 20:30. Du coup on s'est un peu brûlés....et, le chic du chic, on les a bus devant l'entrée du théâtre - surtout que personnellement, après avoir bu un chocolat chaud, je ne sais pas pourquoi le tout le chocolat ne daigne pas entrer dans ma bouche, y en a toujours une partie qui se barre (par contre là il se sent plus le chocolat, avec sa liberté : vêtements, sol, écharpe, visage, main....).
Bref.  Après nous être vérifiés mutuellement si nous n'avions pas l'air de gamins de trois ans après un dessert, nous sommes rentrés.
En quelques phrases....

* Si on avait vendu toutes les robes, tous les costumes, et tous les apparats de ces messieurs dames, on aurait pu nourrir tout le Malawi et mettre un terme à la faim dans ce pays.

* Si on avait redonné vie à toutes les vestes de ces dames, on aurait pu repeupler toute une forêt.





* Si on avait calculé le budget gaspillé à l'emploi de quelques hommes en costumes grandioses destinés à seulement faire les poteaux devant la porte.... (J'avoue, j'en ai été très choquée, parce qu'avec Sevinc - Turquie- on s'était perdues, on ne savait pas où étaient nos places. De ce fait, j'ai demandé à l'un de ces hommes, dans un bel italien en plus. Il m'a regardé avec de grands yeux et s'est mis à marmonner à toute vitesse, sans bouger, qu'il ne pouvait rien faire pour moi. MAIS ALORS TU SERS A QUOI COCO ?! eus-je envie de lui crier, mais bien sûr, je sais me tenir. C'est vrai que j'aurais pu deviner qu'il était là juste pour être là. M'enfin, je ne comprends pas l'intérêt.)
Ca m'a fait penser à ces soldats anglais postés devant le palais de la reine juste...pour être là.). Bref, si on avait retiré ce budget là et si on l'avait donné à l'UNICEF, ben je peux vous dire que pas mal de vaccins auraient été payés....

* Si on avait extrait les conversations de chaque groupe....ben on serait pas allés bien loin....


Autant dire que je me sentais comme....euh, mon cours de maths. Ou plutôt, comme une poule dans la Caverne aux Merveilles.

Je suppose que le collège a eu les places restantes....mais je peux vous dire qu'il en restait des places...et des belles ! Avec Sevinc, justement, nous étions placées...dans une loge ! Une grande loge pour nous toutes seules, comme un grand salon personnel, le genre qu'on voit dans Les Liaisons dangeureuses. Il y avait même un canapé, bon, c'est vrai, on était vraiment sur le côté, mais on voyait absolument tout. Plus les coulisses. En plus on était juste au dessus de l'orchestre, et à quelques mètres seulement des chanteurs, tant et si bien qu'on pouvait décrypter et observer la moindre de leurs expressions. Comme quand on va à l'opéra en général, on a toujours les places au paradis... ça a tout changé, d'un coup. Tout semble plus réel.
Par exemple, je n'avais jamais remarqué que juste devant les chanteurs, sur les bords de la scène, se trouvait une télé qui montrait le chef d'orchestre en gros plan. Je n'avais jamais non plus remarqué que les chanteurs jetaient des yeux furtifs à ces télés de temps en temps....

Autre point assez choquant de la soirée - bien que j'aie adoré l'opéra, mais enfin, mes critiques et mes avis ne vont pas trop dans ce blog-, ce sont....les saluts. Il y avait effectivement un ténor, un remplaçant, j'ai appris après, qui n'a pas réussi à mettre une seule des notes hautes. Les notes que le public attend, en général. C'est vrai, il n'en a pas mise une seule, et ça craint un peu, surtout quand on ouvre la saison, et même le fait qu'il soit remplaçant n'est pas une excuse.
Cela dit, les italiens prennent très à coeur leur opéra. Parce que même si nous n'étions entourés que de gens plus riches qu'une ville entière, qui faisaient genre "on est trop classe on boit du champagne et on porte des animaux morts sur les épaules"....ils ont trouvé quand même le moyen de, j'aime bien l'expression anglais "to boo" (littéralement, faire "bouuuuu") ce ténor. Huer, en fait. Et je pèse mes mots....pour l'avoir hué, ils l'ont hué.
J'avais été prévenue que les italiens faisaient cela parfois, et c'est vrai qu'ils crient "BRAVOOOOOOO" facilement également, et je suppose que ça fait partie de la culture...Mais ce pauvre ténor s'est incliné avec dignité sous les huées, sans tenir longtemps toutefois. Il a fini par fondre en larmes sur scène, du moins, je l'ai su parce que comme je l'ai dit plus haut, je voyais tout.

vendredi 13 janvier 2012

La fin des Vacances....

....n'est-ce pas le pire moment de l'année ?

 

Eh oui, c'est vrai, le blog aussi a été en vacances. Pas d'articles, une petite hibernation, mais maintenant je suis de retour ! Que ce soit sur internet ou en Italie, où je suis arrivée mardi soir.
J'ai même revu quelques uns de mes...euh, camarades, dès l'aéroport de Rome où déjà les moments embarrassants ont commencé à pleuvoir....
Venant de France j'avais repris cette habitude de faire la bise à tout le monde, sauf que nous français sommes bien les seuls (avec quelques autres rares pays) à s'embrasser sur les joues pour dire bonjour. Il se trouve que la première personne du collège que j'ai rencontré était une japonaise, une des cultures les moins expensives du monde si ce n'est la moins expensive.
Vous imaginez la scène, que je n'ai peut être pas besoin de relater. Elle a dû se demander ce que je faisais. Enfin, après que je lui aie expliqué, elle a compris quand même (enfin, heureusement que je n'habite pas dans certaines régions de France qui ont eux 4 bises à faire, qu'est-ce que ça doit etre long.)



Ce matin, alors que je maniais habilement mon stylo pour tenter (non habilement) d'exécuter ces.....hm d'exercices de maths que je me faisais une grande joie de retrouver, je me suis rappelée d'une phrase que l'on m'a dite lorsque je suis rentrée en France pendant le long week end d'octobre. Elle faisait à peu près ainsi :
"Tu devrais écrire plus de trucs de tes cours de maths, c'est ce qui nous fait le plus rire !"
Autant dire que je suis restée coite devant cette remarque, et la seule chose que comme d'habitude j'ai pu articuler fut un très éloquent : "Euuuh."
D'accord. J'assume que je suis paumée en maths et j'ai pris le parti d'en rire et d'y travailler (beaucoup), m'enfin tout de meme.Heureusement cependant que je n'ai plus grand chose à raconter de ridicule sur mon italien qui merci mon dieu s'améliore beaucoup et que je comprends maintenant tout à fait.
Ah ! Si, quand meme, une petite anecdote : lorsque j'ai voulu demander un timbre au tabac, j'ai dit, non sans fierté : "Un timbro, per favore." Eh oui, je fais confiance aux langages latins.
Je n'aurais peut-etre pas dû parce que timbro a effectivement un sens commun au français timbre : et ce sens là, ce n'est pas postal mais musical. Donc, quiproquo bonjour, la femme m'a fait répéter plusieurs fois et c'est ce que j'ai fait, de moins en moins sure de moi. Lorsqu'elle a éclaté de rire et s'est écriée : "AAAAAAAAAH a STAMP ! You want a stamp !".
Quelle honte.
Pour en revenir aux maths, dans cette merveilleuse classe de maths que nous avons s'est ajouté un garçon....du haut niveau. Il avait changé de sujet pour je ne sais quelle raison et avait du donc descendre son niveau de maths pour pouvoir en monter un autre. Quoiqu'il en soit, son niveau est un poil trop élevé pour nous. Là où je vois des lettres et chiffres et mots et signes dépourvus de sens, que je copie quand meme consciencieusement sur mon cahier, il doit voir le signal de la compréhension future du monde - réservée aux intellectuels matheux.
Enfin, je n'en sais rien, mais je crois bien que je l'ai percé à jour. Et c'est d'autant plus vrai lorsqu'il se met à parler avant le prof et dire toutes les réponses avant meme que j'ai commencé à entrevoir l'idée qu'il faudrait que je me mette à réfléchir au problème (et pourtant j'ai cette idée assez rapidement, vu la panique qui me hante ).
Quant à deux de mes camarades d'infortune avec qui j'avais coutume d'échanger des regards sceptiques et tout de même hilares quand le prof nous disait "You see ?" d'un air sûr de lui, elles ont décidé d'aller dans le niveau en-dessous. C'est triste.