mercredi 18 janvier 2012

Les Italiens et leur aimé Opéra

Hier et soir, avec une vingtaine d'autres, nous sommes allés à l'opéra Verdi à Trieste, pour voir Anna Bolena. C'était une chance pour nous, vu que le collège a des prix excessivement bas pour ce genre d'événements et que même les deux euros que coûtait chaque place, c'est le collège qui les a payés. 

Enfin, je me rendais tout à fait compte, avant d'y aller, d'avoir de la chance. Ce n'est pas tous les jours qu'on va à l'opéra, surtout que dans mon cas, j'en parle des jours à l'avance tant je suis excitée d'y aller.
Ce qu'on a omis de nous préciser, ou plutôt ce qu'on n'a feint de ne pas savoir, ou enfin ce dont nous avons eu la flemme de nous renseigner, c'est qu'Anna Bolena cette année a ouvert la saison d'opéra 2012 à Trieste. Autant dire que c'est événement important, surtout en Italie. Bien sûr, on nous avait dit de nous habiller, mais quand même...

Tout d'abord, c'est vrai, on a fait cette folie d'aller se chercher un chocolat chaud (on a une excuse : les chocolats chauds en Italie, ils sont vraiment BONS.) juste avant l'heure, je crois qu'il était 20:20 alors que nous devions rentrer à 20:30. Du coup on s'est un peu brûlés....et, le chic du chic, on les a bus devant l'entrée du théâtre - surtout que personnellement, après avoir bu un chocolat chaud, je ne sais pas pourquoi le tout le chocolat ne daigne pas entrer dans ma bouche, y en a toujours une partie qui se barre (par contre là il se sent plus le chocolat, avec sa liberté : vêtements, sol, écharpe, visage, main....).
Bref.  Après nous être vérifiés mutuellement si nous n'avions pas l'air de gamins de trois ans après un dessert, nous sommes rentrés.
En quelques phrases....

* Si on avait vendu toutes les robes, tous les costumes, et tous les apparats de ces messieurs dames, on aurait pu nourrir tout le Malawi et mettre un terme à la faim dans ce pays.

* Si on avait redonné vie à toutes les vestes de ces dames, on aurait pu repeupler toute une forêt.





* Si on avait calculé le budget gaspillé à l'emploi de quelques hommes en costumes grandioses destinés à seulement faire les poteaux devant la porte.... (J'avoue, j'en ai été très choquée, parce qu'avec Sevinc - Turquie- on s'était perdues, on ne savait pas où étaient nos places. De ce fait, j'ai demandé à l'un de ces hommes, dans un bel italien en plus. Il m'a regardé avec de grands yeux et s'est mis à marmonner à toute vitesse, sans bouger, qu'il ne pouvait rien faire pour moi. MAIS ALORS TU SERS A QUOI COCO ?! eus-je envie de lui crier, mais bien sûr, je sais me tenir. C'est vrai que j'aurais pu deviner qu'il était là juste pour être là. M'enfin, je ne comprends pas l'intérêt.)
Ca m'a fait penser à ces soldats anglais postés devant le palais de la reine juste...pour être là.). Bref, si on avait retiré ce budget là et si on l'avait donné à l'UNICEF, ben je peux vous dire que pas mal de vaccins auraient été payés....

* Si on avait extrait les conversations de chaque groupe....ben on serait pas allés bien loin....


Autant dire que je me sentais comme....euh, mon cours de maths. Ou plutôt, comme une poule dans la Caverne aux Merveilles.

Je suppose que le collège a eu les places restantes....mais je peux vous dire qu'il en restait des places...et des belles ! Avec Sevinc, justement, nous étions placées...dans une loge ! Une grande loge pour nous toutes seules, comme un grand salon personnel, le genre qu'on voit dans Les Liaisons dangeureuses. Il y avait même un canapé, bon, c'est vrai, on était vraiment sur le côté, mais on voyait absolument tout. Plus les coulisses. En plus on était juste au dessus de l'orchestre, et à quelques mètres seulement des chanteurs, tant et si bien qu'on pouvait décrypter et observer la moindre de leurs expressions. Comme quand on va à l'opéra en général, on a toujours les places au paradis... ça a tout changé, d'un coup. Tout semble plus réel.
Par exemple, je n'avais jamais remarqué que juste devant les chanteurs, sur les bords de la scène, se trouvait une télé qui montrait le chef d'orchestre en gros plan. Je n'avais jamais non plus remarqué que les chanteurs jetaient des yeux furtifs à ces télés de temps en temps....

Autre point assez choquant de la soirée - bien que j'aie adoré l'opéra, mais enfin, mes critiques et mes avis ne vont pas trop dans ce blog-, ce sont....les saluts. Il y avait effectivement un ténor, un remplaçant, j'ai appris après, qui n'a pas réussi à mettre une seule des notes hautes. Les notes que le public attend, en général. C'est vrai, il n'en a pas mise une seule, et ça craint un peu, surtout quand on ouvre la saison, et même le fait qu'il soit remplaçant n'est pas une excuse.
Cela dit, les italiens prennent très à coeur leur opéra. Parce que même si nous n'étions entourés que de gens plus riches qu'une ville entière, qui faisaient genre "on est trop classe on boit du champagne et on porte des animaux morts sur les épaules"....ils ont trouvé quand même le moyen de, j'aime bien l'expression anglais "to boo" (littéralement, faire "bouuuuu") ce ténor. Huer, en fait. Et je pèse mes mots....pour l'avoir hué, ils l'ont hué.
J'avais été prévenue que les italiens faisaient cela parfois, et c'est vrai qu'ils crient "BRAVOOOOOOO" facilement également, et je suppose que ça fait partie de la culture...Mais ce pauvre ténor s'est incliné avec dignité sous les huées, sans tenir longtemps toutefois. Il a fini par fondre en larmes sur scène, du moins, je l'ai su parce que comme je l'ai dit plus haut, je voyais tout.

1 commentaire:

  1. merci pour ce "reportage", j'ai eu l'impression d'y être, celà dit, on sait que les italiens aiment ou n'aiment pas et le font savoir..........par tous les moyens!!!!! alors merci encore, on en apprend tous les jours....

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